Le blog de Hamidou Baba Kane

Ce blog, créé au départ pour être un espace de dialogue pendant les élections législatives du 19 novembre à Nouakchott, se mue pour vous faire vivre en temps réel les activités du Député HBK après sa reélection. Ses analyses ne souffrent d'aucune improvisation. L'homme sait de quoi il parle, il a été nommé 2ème Vice Président du Parlement par ses pairs. Commentez les articles, écrivez-nous! email : hamidou.baba.kane.blog@gmail.com Site du Rfd : www.rfd-mauritanie.org

25 juin 2007

REPONSE A LA DPG DU PREMIER MINISTRE
Chers internautes,
Comme promis ce week end , voici ma réponse à la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre (19 avril 2007) devant l’Assemblée Nationale.
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Nous avons attentivement écouté votre Déclaration de Politique Générale (DPG). Je le dis d’emblée, elle touche tous les sujets de grandes préoccupations. Les orientations que vous avez définies ou fixées sont claires et importantes. Elles sont bien en accord avec votre Lettre de Mission et plus globalement encore avec le Programme électoral du Président de la République, dont nous avons pris acte.

Seulement, M. le Premier Ministre, votre DPG s’est d’emblée projetée dans l’avenir, alors que vous venez de prendre service, il y’a à peine quelques semaines. Vous aviez remplacé un autre Premier Ministre de la Transition militaire qui avait présenté en Avril dernier son bilan, le bilan de la Transition. Votre DPG ne fait aucune mention de votre propre évaluation de la situation du pays, notamment de ses finances publiques. Alors, question : endossez-vous complètement le bilan de la Transition militaire, partiellement ou pas du tout ?

En tout état de cause, la représentation nationale a besoin de connaître dans les détails l’état des lieux que vous avez trouvé afin d’établir la situation de référence.

M. le Premier Ministre,
Votre DPG me pose un autre problème : est elle calée sur les cinq années du Programme électoral du Président de la République ou sur quelle autre période ?

Nous avons malheureusement très peu ou pas du tout d’objectifs mesurables ! Sauf deux : Vous dites que vous allez porter l’électricité aux agglomérations de plus de 1000 habitants, mais sans engagement sur la date ; et vous promettez le développement des Nouvelles Technologies de l’Information, avec pour objectif d’assurer la couverture à 85% à l’horizon 2010 (page 28).

A l’évidence, M. le Premier Ministre nos préoccupations sont ailleurs et immédiates. J’évoquerai trois d’entre elles :

1/ l’accès à l’eau potable. Les mauritaniens ont soif ! La situation est particulièrement préoccupante pour les quartiers périphériques de Nouakchott où l’eau est dix fois plus chère que dans les quartiers résidentiels. Vous avez dit vous-même que « l’eau c’est la vie ». Il y’a une crise de l’eau. Combien de temps vous faudra t-il pour rendre cette denrée vitale accessible aux zones défavorisées et juguler les hausses des prix ?

2/ la deuxième préoccupation porte sur l’approfondissement de la démocratie.
Vous avez réaffirmé le principe de la séparation des pouvoirs. Mais ce principe peut il être effectif dans un contexte marqué par une transition militaire inachevée. Il n’échappe à personne que d’éminents ex-membres du CMJD conservent toujours leurs positions dans les rouages actuels de l’Etat. Alors, question : que comptez-vous faire pour démilitariser notre vie politique ?

En ce qui concerne la consolidation de l’Unité Nationale vous annoncez, et c’est heureux, que les mauritaniens « déplacés de l’extérieur », disons les déportés, seront avec nous dans les plus brefs délais. Etes-vous toujours, M. le Premier Ministre, dans le délai des 6 à 12 mois promis par le Président de la République ?

Enfin, vous promettez d’apporter des solutions adéquates et consensuelles au problème du passif humanitaire. Dans cet objectif notre soutien ne vous fera pas défaut, mais sommes nous toujours dans les 6 à 12 mois ?


22 juin 2007

QUELLES SOLUTIONS POUR LES DEPORTES MAURITANIENS ?


Chers internautes,

Toutes mes excuses pour ce long silence sur mon blog. A la fin des élections législatives, j'étais parti à la Mecque. Ce fut un temps spirituel très intense, un break politique salutaire avant l'élection présidentielle de mars 2007.

Je vous livre ci après mon exposé à l'occasion de la journée mondiale du réfugié que notre parti, le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), s'honore d'avoir organisée ce 20 juin. Nous sommes à l’écoute et à la disposition des associations des droits de l’Homme. Lundi, vous lirez ma réponse à la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre. Bon week end!


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Les chiffres souvent avancés par le HCR font état de plus de 20 millions de réfugiés dans le monde en 2006. Sur ces vingt millions, on considère que le quart est constitué de réfugiés vivant en exil depuis plus de cinq ans. Nos compatriotes déportés font malheureusement partie de ce dernier lot. Mais la leçon à tirer de ce phénomène, c’est qu’il s’agit d’une situation évolutive en fonction des acteurs et de la volonté politique. La célébration de la journée mondiale de réfugié nous offre l’occasion d’engager une réflexion sur les voies et moyens permettant de résoudre de façon pacifique et durable ce douloureux problème.

Alors, quelles solutions pour faire face à une situation qui perdure depuis 18 ans ?

Existe-t-il un mode d’emploi, une feuille de route pour régler la question des déportés, par ailleurs, inséparable de ce qui est convenu d’appeler le passif humanitaire ?

Pouvons nous compter sur le génie du peuple mauritanien pour trouver des solutions justes et durables aux exactions commises durant la période d’exception et qui entrent dans cette catégorie de « crimes qu’on ne peut ni punir, ni pardonner » selon l’expression d’Hanna Arendt ?

Trois difficultés majeures

Premièrement, on suppute bien souvent sur l’identification correcte de la population concernée. En d’autres termes, qui est mauritanien et qui ne l’est pas ?

Deuxièmement, il existe de nombreuses organisations parlant au nom des victimes ou de leurs ayants-droit.


Troisième difficulté et ce n’est pas la moindre, la question des réfugiés est à la fois un problème technique, mais surtout politique.

Il existe, à notre sens, cinq axes d’intervention :






  1. Le premier d’entre eux réside dans la volonté politique pleinement exprimée par les pouvoirs publics. Il nous semble que le Président de la République devrait en donner le ton




  2. En ce qui concerne l’identification des mauritaniens réfugiés, trois sources peuvent être utilisées : les registres disponibles portant sur le recensement général de la population et de l’habitat de 1977 & 1988, la base de données du HCR et les informations fournies par les autorités religieuses et coutumières des sites d’origine des réfugiés




  3. Quant à la multiplicité des organisations parlant au nom des populations victimes, ceci ne constitue pas un handicap majeur. Il faut, à notre sens éviter deux écueils : celui de l’exclusion de telle ou telle association et le risque de noyautage des concernés eux-mêmes. Autrement dit, il faut une large concertation, mais les victimes et leurs ayants-droit doivent être placés au centre de toute négociation




  4. Le quatrième axe d’intervention devrait porter vers une meilleure connaissance de la situation du réfugié et de son milieu physique au moment de son déplacement (1989). Une telle connaissance portera à la fois sur l’évaluation des occupations et des biens laissés en Mauritanie, mais aussi sur le cadre de vie des populations au moment des évènements, notamment en milieu rural




  5. Enfin, le cinquième axe porte sur les programmes d’urgence et de réinsertion des victimes. Ce dernier est d’autant plus important qu’il conditionne le succès et/ou l’échec de toute l’opération. A ce titre, il requiert la plus grande attention et appelle une mobilisation internationale




Ces différents axes d’intervention ne sont pas énumérés de façon limitative. Simplement, ils fixent les conditions-cadres à une solution efficace, concrète et transparente dans la solution de ce douloureux problème. Le Rassemblement des Forces Démocratiques, fidèle à ses options fondamentales, apportera sa contribution, loin de toute surenchère, pour le dépassement de cette crise.