Le blog de Hamidou Baba Kane

Ce blog, créé au départ pour être un espace de dialogue pendant les élections législatives du 19 novembre à Nouakchott, se mue pour vous faire vivre en temps réel les activités du Député HBK après sa reélection. Ses analyses ne souffrent d'aucune improvisation. L'homme sait de quoi il parle, il a été nommé 2ème Vice Président du Parlement par ses pairs. Commentez les articles, écrivez-nous! email : hamidou.baba.kane.blog@gmail.com Site du Rfd : www.rfd-mauritanie.org

07 novembre 2006

NOS ACTIONS A L'ASSEMBLEE NATIONALE

Chers mauritaniens, hommes et femmes,
jeunes et moins jeunes,

Je rentre tout juste de Rosso et comme promis, je vous présente dans ce qui suit le combat déjà mené à l'Assemblée Nationale par les députés RFD sous l'ère du Colonel Taya.
Le combat de nos futurs parlementaires, avec votre autorisation et surtout votre vote, sera dans cette continuité.
A moins que vous ne choisissiez de confier la direction de cette assemblée, qui votera les lois de notre République, à de nouveaux venus dans l'arène politique. Pourquoi prendre un tel risque? s'embarquer dans une nouvelle aventure?
Alors que nous avons parcouru ensemble un long chemin? Il suffit de voir le bilan que dresse les parlementaires du rfd dans ce qui suit.
Croyez-moi, après la décennie parlementaire perdue de 1991 à 2001, on ne peut plus s'octroyer le luxe de tester une nième aventure, à l'issue plus qu'incertaine.
Jamais le peuple mauritanien n’a été si près du but!
Dois-je répéter qu'il faut voter utile le 19 novembre 2006, aussi bien aux législatives qu'aux municipales ? Non. Les mauritaniens feront ce qu'il y a à faire.
Je ne finirai pas sans remercier tous les internautes pour leurs messages fort sympathiques. Sachez que moi aussi je vous admire.
Je prends acte de vos avis et suggestions. Je pense pouvoir répondre à vos questions aux alentours du 15 novembre.

Plan de l'exposé

I - Legislatives de 1992 et de 1996 : la décennie perdue
II - Bilan de la législature 2001-2005
III - Changement du 3 aout 2005 : le RFD, parti moteur de la CFCD
IV - Des réformes indispensables


I - Legislatives de 1992 et de 1996 : la décennie perdue
Ces deux premières législatures symbolisent la décennie perdue pour la Mauritanie.
A l’image de toutes les institutions, qui tournaient à vide, l’Assemblée nationale n’était en rien différente d’une chambre d’enregistrement des desiderata du Chef de l’Etat, au demeurant unicolore, marquée par la duplication de l’Etat-PRDS.
Durant cette fameuse décennie, pour casser le moral des citoyens en les détournant des urnes, le recours à la fraude électorale massive, à l’instrumentalisation de l’administration, des forces armées et de sécurité et, au besoin, à l’usage brutal de la force, ont été les principaux outils de maintien du régime déchu.
Les revendications de l’opposition, principalement incarnée par l’UFD/Ere Nouvelle, avant d’être dissoute en Octobre 2000, quant à la transparence électorale, ont buté sur un mur, le régime déchu ne concédant aucune concession significative.

De fait, jusqu’en 2001, le sentiment largement partagé par les citoyens sur l’insignifiance des urnes, avait conduit la grande majorité à se réfugier dans l’abstention. Dans le contexte mauritanien, celle-ci était belle et bien l’expression d’un vote protestataire.
Ainsi, au lendemain des municipales de 99, marquées par un taux de participation officiel de l’ordre de 13%, la démocratie de façade avait atteint ses limites extrêmes.

A la veille des élections législatives en 2001, bien que refusant toujours le dialogue avec l’opposition, face au désintérêt des populations et aux pressions extérieures, le régime déchu était contraint de faire quelques concessions mineures pour sortir de l’impasse démocratique. C’est ainsi que l’introduction frileuse d’une proportionnelle limitée à trois circonscriptions aux élections législatives de 2001, en était devenue la condition.
II - Bilan de la législature 2001-2005
Souvenez-vous, l’opposition avait gagné 11 sièges sur 81 que comptait l’Assemblée nationale, dont trois députés pour le RFD.

Les résultats enregistrés par l’opposition avaient fait dire à certains milieux, souvent à l’instigation de la propagande du régime, que les élections d’octobre 2001 avaient été transparentes.
Ces allégations qui comportaient d’évidentes contrevérités appellent trois remarques :
  1. Certes, les résultats de ces élections (municipales et législatives) avaient confirmé le RFD dans sa position de principal parti de l’opposition, mais nous nous étions engagés dans ces consultations électorales trois mois seulement après la reconstitution de notre Parti. Le pouvoir était convaincu qu’en procédant à l’interdiction de l’UFD/EN, il nous écartait définitivement et « légalement » de la scène politique
  2. les résultats obtenus par l’opposition, là où il y avait eu une limitation de la fraude, avaient créé une surprise, mettant le discours officiel du régime - sur l’inexistence de l’opposition – en porte à faux avec la dure réalité. Ces résultats expliquent, en retour, la crise post-électorale au sein du Parti-Etat, son recroquevillement sur lui-même et le retour aux pratiques d’interdiction des partis politiques ;
  3. enfin, et c’est peut-être là l’essentiel, il doit être clairement entendu que les maigres avancées relatives à ces dernières élections ne s’enracinaient dans aucune forme institutionnelle, d’où cette impression générale de fugacité, presque de futilité.

Notre bilan au cours de la dernière législature (2001-2005) écourtée par le changement du 3 Août 2005?

les Députés du RFD et de l’opposition en général ont tenu leurs rangs et leurs rôles dans une Assemblée dominée par une mouvance présidentielle regroupant le PRDS, le RDU et l’UDP.

Si l’on ne peut parler du bilan des actions engagées par le RFD, nos honorables représentants ont mis leur mandat au service de la défense des idéaux de notre Parti et de l’intérêt national.

On se rappelle avec quelle pugnacité, nos honorables députés avaient interpellés les deux Premiers ministres du régime déchu, qui avaient tentés de noyer leur incompétence dans une colère frisant l’hystérie.


L’histoire parlementaire de la dernière législature retiendra également que nos honorables parlementaires avaient attiré, à plusieurs reprises, l’attention des gouvernements du régime déchu, sur les falsifications des comptes et statistiques et le pillage des deniers publics.

En 2003, les Députés du RFD avaient demandé l’audit de la Banque Centrale de Mauritanie qui avait au mépris de toute réglementation et de toutes les règles de saine gestion bancaire, ouvert sur ses livres un compte d’attente qui accusait un débit de 63,5 milliards d’ouguiya, aggravant dangereusement le déficit public.

De même, ils avaient souvent décrié la manière dont les contrats de partage pétroliers et leurs fameux avenants étaient dissimulés.

Enfin, ils avaient constamment dénoncé les atteintes répétées à l’unité nationale, à la cohésion sociale, aux libertés d’expression, dont celles de la presse, à travers les débats parlementaires, les conférences de presse, les déclarations, les sit-in et plusieurs questions orales restées sans réponses.

III - Changement du 3 aout 2005 : le RFD, parti moteur de la CFCD

Le changement intervenu le 3 Août 2005 a mis à nu l’ensemble des pratiques mafieuses des hommes du pouvoir déchu et l’abîme dans lequel le pays allait être plongé. Une page est donc tournée. Survenant quinze mois après la chute de l’Etat-PRDS, les élections législatives de novembre 2006 se dérouleront dans un contexte nouveau, marqué à la fois par des éléments de continuité et de rupture.

Parmi les principaux actes posés par les Autorités de transition figurent

  1. les amendements apportés à la Constitution de juillet 1991 et l’engagement d’organiser des élections libres et transparentes.
  2. L’ordonnance prise par le CMJD et qui interdit à ses membres comme à ceux du Gouvernement de se présenter ou de soutenir un quelconque candidat
  3. la mise sur pied d’un nouveau fichier à vocation électorale, la création de la CENI et l’existence d’un système d’observation électorale, à travers l’implication des partenaires au développement, comme de la société civile, constituent des facteurs éminemment positifs quant à la transparence électorale.
  4. Le nouveau cadre légal accentuant la présence des femmes sur les listes électorales, qu’il faut saluer, l’aménagement du mode de scrutin et la multiplication du nombre d’acteurs politiques aussi bien en termes de partis politiques que de candidatures indépendantes et dites indépendantes, créent une situation inédite que notre Parti, le Rassemblement des Forces Démocratiques, devra gérer.


Pour aller vers une démocratie forte et paisible, la mise en œuvre de ces orientations passera par la recherche obstinée d’une majorité parlementaire afin de former un gouvernement d’union nationale dans le strict respect du principe de la séparation des pouvoirs et de la garantie de l’exercice effectif des libertés individuelles et collectives.

Ainsi, le RFD et ses parlementaires sont disposés à endosser le Programme Commun de Gouvernement de la Coalition des Forces de Changement Démocratiques (CFCD). Nous sommes convaincus de la nécessité de gouverner avec l’ensemble des forces de progrès compte tenu des dérives du pouvoir déchu et de l’exigence patriotique de conduire notre pays vers une démocratie forte et paisible.


En tant que Parti de masse, le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) a vocation à regrouper tous les mauritaniens âgés de 16 ans et plus, de toutes origines sociales, géographiques et culturelles, sans distinction de race, d’ethnies, de sexe et de conditions de vie, soucieux de partager un projet de société basé sur l’unité nationale, la cohésion sociale, la défense des droits de l’Homme, la démocratie et le développement économique et social dans l’équité.


Fidèles à ces principes, les parlementaires du RFD s’attèleront à remplir leurs mandats dans la plénitude de la fonction de Député et qui consiste en un contrôle rigoureux de l’action du gouvernement, un rôle effectif de législateur à travers les propositions de lois et la satisfaction du citoyen dans son droit à l’information. La réalisation de ces objectifs passe par la mise en œuvre de réformes dans plusieurs domaines.

IV - Des réformes indispensables

Pour que l’Assemblée nationale puisse faire face à ses missions, la première réforme à réaliser devra porter sur l’institution parlementaire elle-même. En effet, la réorganisation du parlement en tant que pilier de la démocratie passe par la moralisation de l’administration parlementaire dans ses structures, comme dans son fonctionnement.

Il est paradoxal de constater que durant ces dernières années, l’assemblée nationale discute de tous les budgets de l’Etat… sauf du budget de l’Assemblée nationale lui-même!

De plus, les commissions parlementaires où se passe, en principe, l’essentiel du travail des élus, manquent de supports documentaires et sont faiblement outillées en compétences techniques. L’absence d’un journal des débats contribue singulièrement à la perte de la mémoire institutionnelle de l’Assemblée nationale.

Pour faire face à sa triple fonction de contrôle de l’action du gouvernement, de législateur et d’information du public, je vous invite à relire nos propositions rappelés dans mon article intitulé "notre programme en 12 points".

Nous appelons le peuple mauritanien à mettre l’Assemblée nationale entre des mains sûres et propres.

Le vote en faveur du RFD est à la fois une manière de rendre hommage à la Constance, la Compétence et le Courage ; mais aussi, de dire NON au retour du régime déchu !